Le mouvement syndical
est apparu à Grenoble entre 1862 et
1866.
En
1883, la première Bourse du travail était installée dans un vieux local
de l'ancienne halle. Bien des grèves y furent décidées. Mais c'est en
1906, pour la première fois qu'une grève allait dégénérer.
Le
27 août, la chambre syndicale des ouvriers menuisiers décidait une
grève générale. Deux jours plus tard, les métallurgistes décrétaient à
leur tour "cessation obligatoire et générale du travail". Le 31
août,les 1200 boutonniers se joignaient aux 3000 métallurgistes
grévistes. Les manifestations s'accentuèrent alors à Grenoble. La
tension montait...
Le 1er septembre 1906, pour la première fois depuis
longtemps, la traditionnelle retraite militaire aux flambeaux du samedi
soir fut supprimée. Les grévistes décidèrent alors d'en improviser une
pour la remplacer. Le 6 septembre, les ouvriers boulangers se mettaient
en grève. Mais le mouvement fut très peu suivi. Le lendemain, à la
manutention, un référendum était organisé concernant la reprise du
travail à la Maison Raymond, cours Berriat. Cette reprise fut votée à
une large majorité, mais le comité de grève en contesta la sincérité
Le10 septembre, de violent incidents éclatèrent devant l'usine, entre
les partisans de la reprise et les grévistes. Une brigade de gendarmes
à cheval arriva à proximité.

Des
bagarres éclatant de partout, les gendarmes chargèrent et reçurent
pavés et cailloux. L'un d'eux fut blessé au front. Afin d'éviter un
affrontement généralisé, la direction fit fermer l’usine. Elle rouvrit
ses portes le 17 septembre. Ce fut une mêlée générale. Une ouvrière
allait être complètement déshabillée. Une nouvelle fois, les gendarmes
chargèrent. En vain ! Deux cents cavaliers du 2
ème
d'artillerie intervinrent à leur tour. Sans
succès.Des
bagarres éclatèrent partout à Grenoble : Cours Berriat, un
agent
fut piétiné, à la Croix Rouge l'assaut était donné, place
Malakoff (aujourd'hui Bir Hakeim), des blessés furent à déplorer.
Artilleurs et soldats du génie, appelés en renfort durent se replier.
Des coups de feu crépitèrent. Toute la ville était en émoi.
Le 140 tenta de repousser les émeutiers cours Berriat.
Atteint par un pavé, l’appelé MOLLIER s'écroula. Le commissariat fut
mis à sac. La liste des blessés s'allongeait...
D'autres renforts arrivèrent le lendemain. Pour riposter,
une grève générale fut décrétée par les Syndicats. Partout, la
situation devint de plus en plus confuse et inextricable. Un événement
allait pourtant tout arrêter.

Lundi
24 septembre, la population apprit avec stupeur la mort du soldat
MOLLIER. Lassée par les grèves, les bagarres et les bris de toutes
natures, elle se désolidarisa brusquement des grévistes. Partout, les
rentrées s'accentuèrent, sans condition, au point de devenir
générales. Le mercredi 26, tout Grenoble fit d'imposantes funérailles,
au petit soldat. La grève était finie.
"Devant un pareil malheur, déclara le maire Charles RIVAIL,
combien doit-on regretter qu'il n'ait pas été possible, malgré les
efforts faits, de solutionner aimablement un de ces conflits
inévitables que fait surgir chaque jour l'organisation du travail".